Via la question de recherche « les agences spatiales construisent-elles l’espace au travers des images qu’elles diffusent? », il s’agit d’analyser l’acte de création de cette imagerie, ses espaces et temporalités à la lumière d’autres imaginaires spatiaux produits par des artistes.
Sabrina Parent, enseignante-chercheuse à l’Université libre de Bruxelles au sein de la Faculté de Lettres, Traduction et Communication, et membre du Centre de recherche Philixte, promotrice.
Aleksandra Chaushova, artiste, enseignante à ENSAV La Cambre au sein de l’atelier dessin, docteur en arts et sciences de l’art, promotrice.
Faculté de Lettres, Traduction et Communication
Cette recherche porte sur la construction de l’imagerie spatiale au travers des représentations du cosmos diffusées et produites par les agences spatiales et par les artistes. Quelle est la place des images dans la construction de l’espace, comment les agences les utilisent-elles et à quelles fins? Comment ces représentations sont-elles ensuite reçues par le grand public et utilisées, détournées par les artistes? Autant de questions qui, je l’espère, permettront de donner une vision, partielle et thématique, de ce qu’est l’espace aujourd’hui.
Ce travail s’articule autour de 5 chapitres. Les deux premières parties traitent de l’historique et de l’imagerie spatiale pré- et post- 1957, soit avant et après le début de la conquête spatiale. Nous y verrons l’articulation historique complexe qu’il existe entre images scientifiques et images artistiques.
Le troisième chapitre interroge la construction d’une imagerie spatiale dominante, celle des agences spatiales publiques occidentales. Via l’analyse de trois types de domination – institutionnelle, historique et scientifique -, nous questionnerons comment cet imaginaire relègue au rang d’alternatif tous les autres visions du cosmos.
La quatrième partie déconstruit le système de domination dans lequel évolue l’imagerie spatiale en proposant l’hypothèse selon laquelle les images du cosmos – scientifiques ou artistiques – sont des fictions.
De par ses caractéristiques – invisible ou presque, inaccessible, infini et passé – produire des images spatiales complètes est impossible. Dans cette perspective, toutes les représentations de l’espace sont des constructions qui créent une vision possible du cosmos.
A travers la théorie des mondes possibles fictionnels, nous proposons d’envisager la construction des imaginaires spatiaux sous la forme d’une constellation. Dans ce modèle, chaque image participe à la construction d’une vision possible de l’espace, plus ou moins proche de la réalité objective. Ces mondes possibles spatiaux s’influencent entre eux comme le feraient des objets célestes dans une galaxie. Les imaginaires spatiaux sont donc mobiles, évolutifs et vivants.
En proposant un modèle non hiérarchisé des images spatiales, nous voulons démontrer que l’espace n’est pas univoque mais qu’il se définit comme la somme de toutes les subjectivités. Dans cette perspective, les images dites alternatives de l’espace participent tout autant à sa réalité que les images provenant des agences spatiales publiques occidentales. .
Enfin, le dernier chapitre est consacré à l’étude de cas, l’imagerie spatiale de 4 artistes : Tomàs Saraceno, Aleksandra Mir, Rachel Dedman et Dragan Živadinov. A travers ces quatre analyses, nous découvrons comment les imageries spatiales se déploient sous des formes extrêmement variables, de la plus réaliste à la plus fictionnelle et engagent des visions et des réflexions cosmiques autant politiques, environnementales que poétiques.
Plus d’informations :
Site internet : https://louisecharlier.hotglue.me/
Cette recherche est un programme développé par l’agence spatiale Roscosmique qui promeut la création de nouveaux imaginaires spatiaux. Via des programmes spatiaux, Roscosmique s’inscrit dans le prolongement d’une histoire spatiale connue de tous, celle de la course à l’espace et des grandes institutions. Cette similitude de forme permet d’interroger précisément l’imaginaire produit par ces grandes puissances. Roscosmique est le lieu d’une dé- et re- construction d’un imaginaire et d’une pensée spatiale non plus tournée vers la conquête mais envisagée dans une relation plus humble et quotidienne avec l’espace. Il s’agit d’envisager la Terre comme partie intégrante de l’univers: nous sommes dans l’espace!
Roscosmique revendique l’importance des artistes dans la construction de nouveaux imaginaires spatiaux. L’espace étant presque inaccessible et invisible, les images et les récits sont les moyens les plus efficaces pour changer notre manière d’envisager le cosmos. L’espace est le miroir de nos sociétés contemporaines, il est donc essentiel de l’interroger. En plaçant au centre de la réflexion le.a témoin humain.e et non-humain.e, Roscosmique promeut un espace pour tous.tes. Un espace qui s’affranchit des récits et des images dominantes. Un espace ou chaque imaginaire cosmique à sa place.
Cursus menant à ce type de recherches :
Master en arts plastiques, visuels et de l’espace à finalité approfondie au sein de l’atelier dessin à l’ENSAV La Cambre en collaboration avec l’ULB.