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ACTUSCIENCES


Le retour des castors
Disparition / réapparition



Quelles sont les circonstances de sa disparition? Sa réapparition laisse place à plusieurs hypothèses : contradictoires ou complémentaires?

Le castor européen a totalement disparu à la fin du 19ième siècle sous l’influence de fortes pressions anthropiques. Près d’un siècle plus tard, il est de retour en Wallonie. Plusieurs explications sont aujourd’hui avancées par les différentes parties qui s’opposent dans ce combat pour ou contre le retour du plus gros rongeur d’Europe.

LA DISPARITION

Pendant la préhistoire, le castor gigantica occupait tout l’hémisphère Nord. Il a ensuite disparu et deux nouvelles espèces de castors sont alors apparues; le castor fiber (castor européen) et le castor canadensis (castor américain). À la fin du Moyen-Age, les deux espèces de castors ont subi des pressions anthropiques fortes, qui les ont menacées d’extinction. Cependant, le sort réservé aux deux rongeurs ne fut pas le même.

Le castor canadensis a vu son aire de répartition fortement diminuée mais il n’a jamais été réellement en menace d’extinction totale, non seulement grâce à son abondance aux Etats-Unis, mais également parce qu’il a un haut taux de reproduction. Une castorette canadensis a en effet un potentiel reproducteur moyen de 6.6 bébés par vie, contre seulement 2.5 pour la castorette fiber. Aujourd’hui, le castor américain a recouvré la majeure partie de son aire naturelle.

Le castor fiber, lui, a vu son nombre déjà diminuer depuis l’Antiquité, mais ce n’est que vers la fin du 19ième siècle qu’il a complètement disparu. Il était en effet chassé pour plusieurs raisons :


Pour le castoréum, cette substance grasse produite par certaines glandes de son pseudo-cloaque, que le castor vaporise pour marquer son territoire. Cette substance était autrefois utilisée à des fins thérapeutiques.


Pour sa viande


Pour sa fourrure


Après cette disparition massive, il ne restait des castors fiber qu’en Norvège et dans l’Elbe et le Rhône, deux grands cours d’eau.




REAPPARITION OU REINTRODUCTION ?

Ce n’est qu’au début des années trente que certains pays ont décidé de réintroduire le castor. Les écologistes et les scientifiques pensaient en effet qu’il n’était pas capable de ré-immigrer par lui-même dans ses anciennes contrées. Ci-dessous la liste des pays qui ont réintroduit le rongeur :


Suède, Finlande (’30)


Suisse (’50)


France (’60) réintroduction dans tous les grands bassins hydrographiques : Marne, Garonne, Rhin, Rhône, Loire…


Allemagne (’70)


Pays-Bas (’80)


Tous les pays qui ont décidé de réintroduire le castor ont mis en place des unités de « suivi du castor » pour éviter tout conflit d’intérêt castor/homme. En France, par exemple, L’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) a créé un « réseau castor » pour régler les conflits éventuels provoqués par le retour du rongeur.

En Belgique, de telles initiatives n’ont pas été prises par le gouvernement. Dans les années ’70, un groupe de naturaliste a introduit une demande pour pouvoir réintégrer les castors en Belgique, mais le Conseil supérieur wallon de la conservation de la nature (CSWCN) a refusé, avec pour seul argument que cette réintroduction n’était pas nécessaire.

Dans les années 90, l’association des Rangers, dirigée par Olivier Rubbers, a réintroduit une demande auprès du Ministre Guy Lutgen mettant en avant certains points positifs du castor comme son rôle hydrologique ou son rôle de gestionnaire de la biodiversité aux abords des cours d’eau. Le ministre s’est dit alors favorable au principe, tout comme le Conseil supérieur wallon de la conservation de la nature, mais le projet est tout de même rejeté selon différents arguments, le principal étant le risque de mécontenter certains propriétaires.

Des études ont alors été commandées par le gouvernement pour analyser les conséquences d’une réintroduction éventuelle du rongeur, mais entre-temps, le castor était déjà ré-apparu dans nos régions. Ce retour du castor aux abords de nos rivières est du à plusieurs raisons. Olivier Rubbers aurait effectué des lâchers sauvages de castors aux frontières belgo-française et belgo-néérlandaises. Les Flamands l’auraient eux aussi réintroduit dans les années ’90. La migration rapide et le mode de colonisation expansif du castor expliqueraient pourquoi on le retrouve déjà aujourd’hui au cœur de la Wallonie.