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ACTUSCIENCES


Les puits de carbone
Des exemples concrets...
à controverse








Plantation bruxelloise au Congo



Une close très controversée du protocole de Kyoto permet d’utiliser les puits de carbone pour « réduire artificiellement » ses émissions de gaz à effet de serre (voir :Glossaire) et ainsi atteindre les objectifs fixés par le protocole. L’effort de réduction a bien sûr été, non sans problème, distribué entre les différentes régions en Belgique.

La Région bruxelloise, non seulement n’atteindra pas ses objectifs (mais ça c’est aussi vrai pour les autres régions de Belgique), mais a en plus choisi l’alternative très controversée des « puits de carbone ». Théoriquement, l’idée lancée à Kyoto n’est pas bête : « emprisonner » le carbone excédentaire dans des forêts n’est pas illusoire. En effet, une forêt en croissance (vieille de moins d’un siècle) consomme plus ou moins 2 tonnes de carbone par hectare par an, cette consommation pourrait donc compenser en partie nos émissions venant des combustibles fossiles.

Cependant, après y avoir regardé d’un peu plus près, on remarque vite que cette solution est totalement inappropriée. Investir dans les puits de carbone, c'est investir à fonds perdus. Tout indique en effet qu'à terme, le CO2 ne restera pas indéfiniment captif dans ces forêts construites artificiellement. En effet, au moindre incendie de forêt, toutes ces tonnes de carbone si durement « emprisonnées » s’envoleront polluer notre atmosphère. De plus, reboiser artificiellement conduira inéluctablement à un appauvrissement de la biodiversité. On peut aussi ajouter à cela que l’opération « reboisement » n’est intéressante que si le sol de départ est cultivé, remplacer une prairie ne sert strictement à rien : le contenu en carbone d'une prairie (sol et végétation, l'essentiel du stock étant contenu dans le sol) est le même que celui d'une forêt tempérée. Il est donc clair que, dans un pays en voie de développement, remplacer des cultures par des forêts dans le but de « contrebalancer » notre consommation gigantesque de combustible fossile pose un problème éthique énorme.

A tous ces arguments, s’ajoute le fait que pour simplement arrêter l’augmentation des concentrations en CO2 et donc les maintenir à leur haut niveau actuel, il faudrait remplacer 1,5 milliards d’hectares de culture par des forêts, cela représente 30 fois la superficie de la France. Il est donc totalement illusoire de croire que traiter le problème des excédents de carbone atmosphérique par les puits de carbone est une solution satisfaisante. Dans le cas de la Région bruxelloise, il est donc clair que les quelques hectares de forêts congolaises en plus ne suffiront pas à « consommer » tous les excédents de carbone produits par cette vaste région industrielle où le trafic routier est extrêmement dense.

Au niveau politique, cette solution est aussi très controversée. En effet, le secteur du bois en République Démocratique du Congo est actuellement en pleine restructuration. En mai 2002, un moratoire sur toute nouvelle concession a été décidé par le gouvernement en place, afin de lui permettre d'assainir le secteur et de remettre en vigueur un système de taxation. Or, la Sodefor, partenaire pressenti par la Région bruxelloise pour la gestion technique de ses puits de carbone, a négocié avec ce gouvernement un contrat de gré à gré qui lui permet de continuer à échapper à cette taxation et ouvre la porte à des jeux de concurrence déloyale. Il est en effet à craindre que de nombreuses sociétés forestières passent un contrat avec la Sodefor plutôt qu'un contrat légal (soumis à taxation) avec les autorités du Congo. En s'associant avec cette compagnie forestière implantée de longue date au Congo, la Région bruxelloise donnerait un signal déplorable à l'ensemble du secteur : rien n'a changé, nous en sommes toujours à l'heure des privilèges, et pas à celle d'une réforme nécessaire des pratiques forestières.

Toutefois, malgré la décision de la Région bruxelloise, le projet au Congo ne se fera pas. En effet, un acteur de plus s’est rajouté dans la controverse : l’Union européenne, qui a interdit à ses pays membres d’utiliser la close « puits de carbone » dans ses efforts de réduction d’émission de gaz à effet de serre.

Sans l’intervention de l’UE, les politiciens belges auraient encore choisi « l’échappatoire » en ne cherchant pas de vraie solution mais plutôt une solution alternative moins chère qui leur aurait permis d’avoir bonne conscience sans faire de réels efforts. On peut espérer que la région se décide enfin à mener une politique énergétique volontariste faisant la part belle aux économies d'énergie et à l'efficacité énergétique.

Le point de vue de l'association Greenpeace: cliquer ici.




Peugeot et Citroën, écologistes ?



Comme la Région bruxelloise, Peugeot et Citroën ont décidé de faire un « geste » pour l’environnement en plantant des arbres en Amazonie. En effet, en 1998, Peugeot annonce la création du premier puit de carbone en plantant 10 millions d'arbres dans le Mato Grosso, au Brésil, afin de participer à la lutte contre l'effet de serre (voir :Glossaire). Si l’initiative est très louable, l’impact réel est clairement négligeable. De plus, les techniques mises en œuvre sont très controversées : utilisation massive de Round-up (herbicide impliqué dans une autre controverse quant à sa toxicité), ainsi que déplacements de populations. On peut donc se demander si Peugeot se préoccupe réellement de l’environnement et si son projet n’a pas pour but un simple coup de publicité. Néanmoins, ces deux entreprises ont quand même investi pas mal d’argent dans la recherche de moteurs consommant moins que les moteurs actuels…