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ACTUSCIENCES


Le retour des castors
Le castor: un problème?



À différents endroits, plusieurs exemples de conflits avec les castors existent. Malgré tout, leurs défenseurs se battent ardemment pour que la présomption d'innocence prévale. La source du problème et les conséquences invoquées ne seraient-elles pas réelles? Explications sur la nature exacte de ces conflits : subjectifs et objectifs.

La plupart des conflits anthropiques liés à la présence du castor sont de type subjectifs. Les gens ne connaissent pas le castor, ils en ont peur, et les préjugés font loi. Il n’y a d’ailleurs bien souvent même pas de problème technique à la base. Mais il peut arriver que certains intérêts entrent en jeu, on parlera alors de conflits objectifs.

En 1987 en France, un réseau castor fut constitué par l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) pour assurer les constats techniques de dégâts et proposer des mesures de protection. Aujourd’hui, ce réseau ne s’occupe plus que de suivre l’évolution des populations sur les différents cours d‘eau et d’apporter son expérience au programme de réintroduction. Car cela fait plusieurs années qu’aucun conflit réel avec les castors n’a été recensé. Le fait est que les Français ont toujours maintenu une bonne ripisylve où le castor peut vivre en paix…!

En Belgique, la solution à long terme la plus appropriée semble être la restauration de la ripisylve avec le castor comme gestionnaire. C’est un idéal écologique futur, mais tout à fait réalisable.

Conflits dits « subjectifs »



Ci-dessous, trois exemples de conflits subjectifs issus de notre interview avec Olivier Rubbers mis en parallèle avec ce qui peut être trouvé dans la presse.


Un barrage a été construit sur une rivière derrière une maison. Suite à des refoulements d’eau dans les canalisations, les propriétaires ont tout de suite fait le rapprochement avec les castors. Un technicien est venu et a mesuré un dénivelé de 2,5m entre le niveau de la maison et la sortie d’égout. De surcroît, la bouche se situait en aval du barrage et au dessus du niveau de l’eau. Il était donc impossible que les castors soient responsables du problème. La presse est cependant venue et des titres tels que « Une maison inondée par les castors » ont été lus. Le barrage a tout de même été détruit mais les castors, animaux têtus, ont très vite reconstruit l’édifice. Aujourd’hui, un nouveau propriétaire habite la maison et le problème a été résolu : canalisation bouchée…


A proximité d’Houffalize, le STP (Service Technique Provincial) de la province de Luxembourg est intervenu, à la demande d’un riverain influent, pour démonter un barrage sur le Sommerain. Ce démantèlement exécuté sans analyse technique préalable a été condamné par Les Rangers (ASBL pour l'environnement en Wallonie). La réponse technique du STP à la plainte portée par l’ASBL a été de dire qu’Houffalize aurait pu être inondée si le barrage avait cédé. Mais un barrage de castor ne casse pas comme un barrage humain : agglomération dense de glaise et de branches, l’eau ne passe que petit à petit au travers. Ici, la rupture en une seule fois du barrage n’aurait tout de même jamais pu provoquer l’inondation d’Houffalize, étant donné la distance d’environ 35 km qui les séparait. Mais il est vrai qu’une route proche aurait pu être inondée…


Finalement, le cas d’un propriétaire piscicole est édifiant : celui-ci rendait le castor responsable de la disparition de poissons dans son étang. Les Rangers se sont donc rendus sur place pour constater qu’aucun castor ne vivait là et que les traces observées aux abords de l’étang ne correspondaient en aucun cas à celles qu’aurait pu laisser un castor.





Conflits dits « objectifs »



Si la ripisylve est détruite et qu’il y a des cultures jusqu’à la rivière, le castor peut faire des dégâts. On peut malgré tout dire le castor fait de petits dégâts là où l’homme en fait de grands : dans de telles circonstances de milieu, le lessivage des flux agricoles est maximum tout comme l’érosion des terres vers le cours d’eau.

En Bavière, par exemple, l’agriculture jusqu’au bord des rivières est pratiquée dans plusieurs champs. Certains castors ont colonisé ces rivières sans arbre et, suite à l’impossibilité de construire des huttes, ont creusé des terriers. Ne trouvant pas leur nourriture habituelle dans cet endroit, ils volèrent des betteraves en été, en minant littéralement le champ de galeries souterraines.

Il est important de souligner ici que le nombre de conflits d’intérêt n’est donc pas proportionnel au nombre de castors, mais plutôt à d’autres facteurs annexes. Dans les Ardennes, la structure du paysage n’est pas propice à ce genre de conflits. Il faut malgré tout laisser le temps aux gens de s’habituer au retour du rongeur dans nos contrées…