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ACTUSCIENCES


Le retour des castors
"Biographie"



Le castor d’Europe (Castor fiber L.) est un mammifère à part : en Belgique, il détient la place du plus gros rongeur et n’a pas de prédateur…Petite biographie de notre ami à grandes dents, souvent très mal connu.














Le Castor fiber, ou castor d'Europe a été décimé par l'homme à la fin du 19ième siècle, alors qu'il occupait une place prépondérante dans nos écosystèmes. Aujourd'hui, il a été réintroduit dans de nombreux pays d'Europe, tels que la France, la Suisse, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas, et dernièrement la Belgique. Dans notre pays, cette réapparition a soulevé une énorme polémique. Certains scientifiques et écologiques s’étaient en effet heurté à la région wallonne en introduisant une demande pour réintégrer le rongeur. Commençons par dresser une fiche de ce rongeur protégé qui fait de nouveau partie de notre faune. (Résumé tiré principalement du dossier « Le castor en Wallonie » édité par l’ASBL Biernausault (11 pages, version française, pdf)



MORPHOLOGIE ET ANATOMIE

Le castor européen adulte mesure de 100 à 120 cm de long, dont 30 cm pour sa queue plate, et pèse de 20 à 35kg, il est donc le plus gros rongeur d’Europe. Sa fourrure brune comporte deux types de poils : des poils courts qui contribuent à l’isolation thermique, et des poils plus longs qui permettent de retenir l’air et qui facilitent le glissement de l’eau, car ils sont enduits d’une substance grasse (le castoréum). Le castor possède un orifice unique pour l’excrétion et la reproduction. Dans ce pseudo-cloaque se trouvent les glandes anales et les glandes à castoréum. Le castoréum est cette substance grasse que le castor vaporise pour marquer son territoire. Les caractères sexuels n’étant extérieurement pas apparents, le sexage est indispensable pour déterminer s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle.




HABITAT ET BARRAGES

Le castor vit aux abords de nos rivières, lacs, étangs, ou même grands cours d'eau, dans des zones appelées ripisylves (Le terme " ripisylve " vient du latin " Ripa " qui signifie rive, berge et de " Sylva " qui signifie forêt). Nous verrons plus tard que le castor a une importance capitale dans la gestion de ces zones, qui représentent l’interface terre-eau, en les stabilisant très bien, permettant ainsi le maintien de la biodiversité locale. Le castor se déplace principalement dans l’eau, et ne fait que de très courtes distances sur la terre ferme, ce qui explique que son territoire ne dépasse pas les limites de la ripisylve. Deux facteurs sont donc primordiaux à l’habitat du rongeur: l’eau et une végétation arborescente riveraine.

Le rongeur vit dans des eaux calmes dont la profondeur est suffisante pour y nager et immerger l'entrée du gîte, soit au minimum une soixantaine de centimètres. Son terrier est creusé dans la berge. Si cette berge n’est pas assez haute, et que le castor a percé le plafond en la creusant, il construit un terrier-hutte, c’est-à-dire qu’il compense la hauteur manquante en empilant différents matériaux (bois, branches, pierres, colmatés de terre ou de boue). Si la berge est vraiment très basse, il peut construire une hutte sur la berge. Enfin, si les berges n’offrent pas les conditions nécessaires de sécurité, il construira une hutte en île au milieu du plan d’eau.

Si la profondeur du plan d’eau n’est pas suffisante pour immerger l’entrée de son gîte, le castor va alors construire un ou plusieurs barrages pour assurer ainsi la montée des eaux. Pour ce faire, il procède comme suit : il place des branches d’arbres qu’il aura coupées lui-même parallèlement au sens du courant. Il place ensuite d’autres branches perpendiculairement aux premières. Il colmate enfin le tout avec de la boue, ou de la terre. Il procède ainsi jusqu’à ce que le niveau d’eau ait la hauteur souhaitée. Il est important de noter que dans les pays ou le castor a été réintroduit, des réseaux castors s’occupent régulièrement de la vérification de ces barrages, surtout s’ils se trouvent près de sites habités. Un bon exemple est celui de la France avec l’ Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage.




REGIME ALIMENTAIRE

Le castor est végétarien, cependant, selon les saisons, différents mets s’offrent à lui. En automne et en hiver, le castor se nourrit de l’écorce d’une série d’espèces ligneuses. En été et au printemps, il se nourrit des strates herbacées que l’on trouve le long des cours d’eau, ainsi que des feuilles de certains arbres. Les activités principales d’abattage du castor sont concentrées dans les dix premiers mètres à partir de l’eau, c’est à dire qu’elles ne dépassent que très rarement la zone de la ripisylve.




MODE DE REPRODUCTION

Le castor vit en famille. Le couple est monogame et se reconstitue après avoir été séparé. Une castorette fiber a en moyenne 2.5 castors durant toute sa période de fécondité, qui commence vers l’âge de 2-3 ans. Quand les jeunes castors deviennent adultes, vers l’âge de 2-3 ans donc, ils sont chassés par leurs parents et partent alors à la recherche d'un nouveau territoire pour s'y installer.




TERRITOIRE ET MODE DE COLONISATION

Le long d’un même cours d’eau, le territoire d’un castor s’étend en moyenne sur 5.5km, mais cela peut varier selon l’écosystème local. Le castor a une mode de colonisation extensif (par opposition au mode séquentiel), ce qui veut dire qu’il va étendre son territoire en deux dimensions, sur toutes les berges accessibles des cours d’eau avoisinants.

Lorsque le castor se reproduit, les familles se dispersent le long de toutes les berges jusqu’à saturation du biotope d’accueil. A ce moment-là, il ne va se reproduire que pour équilibrer la perte des individus décédés. Le taux de natalité est alors égal au taux de mortalité. C’est ce qu’on appelle « l’autorégulation ». C’est également ce qui nous permet de dire qu’il n’y a aucun risques de « pullulation » de castors.




PREDATEURS

Les prédateurs naturels du castor tels l’Ours, le Loup, le Lynx , la Loutre ont aujourd’hui majoritairement disparu de nos contrées (la loutre est encore présente par endroit et reste donc prédatrice des petits castors). Les causes anthropiques comme la chasse, le braconnage, l’aménagement des cours d’eau (et donc la destruction des barrages) sont les causes principales de mortalité du castor.