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ACTUSCIENCES


Le retour des castors
Dégâts...vraiment?



Le castor a souvent été accusé de beaucoup de dégâts, mais il est aussi parfois à l’origine d’actions positives pour l’environnement. Possédant une capacité certaine à modifier son lieu de vie, il influence directement sur l’écosystème et sur les possibilités de développement de nombreuses autres espèces. Ceci fait du castor une espèce « clé de voûte » pour les rivières. Rapide bilan de son activité dans la nature sous forme d’avantages et d’inconvénients, suivi de quelques exemples.

Le castor a un grand impact sur son environnement, aussi bien du point de vue de ses activités alimentaires que par ses constructions.

Et bien que le bilan avantages-inconvénients puisse semblé assez mitigé, on peut voir assez rapidement pourquoi le castor fait parler de lui : Cet animal fait peur. Encore trop souvent perçu comme un animal nuisible responsable de nombreux dégâts, on lui attribue aussi des dégâts qui ne sont pas les siens (rat musqué, gibier…). Si l’on tente malgré tout d’analyser le problème par le coté désavantage on se rend rapidement compte que peu de chiffres alarmants concernant des dégâts réels existent. Comme expliqué dans les exemples suivants, ces dégâts de castors restent finalement assez insignifiants par rapport à ceux d’autres éléments de la faune. La notion de dégât est liée à la perception que l’on a de ce dégât! De plus, des moyens de protection et de dédommagement existent. Comme souvent dans ce type de débat, il s’agit surtout d’une question de priorités au niveau humain.

Avantages


Herbivorie stricte : Le castor ne constitue donc pas un prédateur pour la faune piscicole.


Coupes d’arbres : Il ne les opère que dans un rayon de 30m autour de sa rivière constituant la ripisylve car il ne parcourt que courtes distances sur la terre ferme (sauf circonstances exceptionnelles) où il est lent et pataud. Il est malgré tout possible de protéger facilement les arbres contre les attaques du castor : grillage, répulsifs sur le tronc ou encore clôture autour de la plantation pour les attaques sur cultures.


Erosion : Le castor aide à lutter contre l’érosion des berges par l’élaboration de ses barrages. En ralentissant le cours des eaux, ceux-ci évitent les grandes crues. De plus, il entretient la ripisylve qui, par sa masse racinaire conséquente, stabilise les berges.


Envasement : Les barrages limitent aussi l’envasement des cours d’eau en aval en retenant les alluvions des les ‘mailles’ du barrages.


Nappes phréatiques : L’infiltration des eaux est renforcée par le ralentissent du flux des rivières. L’eau retenue permet aussi de faire monter le niveau des nappes phréatiques. C’est donc une protection contre la sécheresse.


Biodiversité : La réapparition du castor est un bénéfice pour la biodiversité, car la création de nouvelles zones humides permet le retour de nombreuses espèces aquatiques (poissons et batraciens). Les bassins d’accumulation créés par les aménagements des castors sont autant de zones calmes idéales pour la reproduction de la faune et la restauration. En entretenant la ripisylve, ils empêchent également le recouvrement de la rivière par une flore ligneuse dense. Ce maintien d’un biotope riche, ouvert et diversifié empêche l’eutrophisation du milieu.


Adaptation : Le castor est peu sensible à la pollution de l’eau, contrairement à la loutre par exemple. Ils disposent aussi d’une grande faculté d’adaptation au milieu.


Indirect : La Région wallonne a mis en place un régime d’indemnisation pour les dégâts occasionnés par des espèces protégées (Gouvernement Wallon 8/10/98).





Inconvénients


Coupes d’arbres : Le castor coupe certains arbres et arbustes proches de l’eau. Principalement des salicaceae (peupliers, saules) et plus rarement bouleaux, aulnes, coudriers, frênes, sorbiers et fruitiers. Il s’attaque le plus souvent à des tiges de faible diamètre (5-8 cm), parfois plus. S’il ne trouve pas de nourriture directement au voisinage de l’eau, il peut aussi s’en prendre à des plantes cultivées (avoine, blé, maïs) lorsque les cultures sont proches ou à des plantations d’arbres non protégés. Mais les dégâts sont rarement importants.


Inondations : Lorsqu’il construit un barrage, le castor fait inévitablement monter le niveau des eaux, ce qui conduit parfois à des inondations de parcelles consacrées aux cultures, élevages, voire aux habitations. De plus, ces barrages n’étant pas des constructions « réfléchies », il pourrait leur arriver de se briser sous la pression de l’eau. Des conditions de crues extrêmes pourraient alors mener à des inondations.


Coût : La gestion et la surveillance par l’administration des constructions du castor engendrent un coût certain pour les communes et donc pour le citoyen.


Régulation : Le castor n’a pas de prédateur naturel. Les populations se développent jusqu’à ce qu’elles atteignent la capacité limite du biotope (autorégulation). Malgré tout, il n’y a pratiquement aucun risque de pullulation et l’attitude du castor envers le milieu qu’il consomme est celle d’un écologiste : il limite ses prélèvements de sorte que le milieu puisse se régénérer facilement.





Exemples

D’un point de vue positif, la Suède, qui a commencé à réintroduire le castor dans les années 30, en compte environ 200 000 aujourd’hui. Cela ne pose aucun problème aux forestiers, contrairement aux ongulés sauvages (élans) qui détruisent la forêt de manière dévastatrice en consommant l’écorce des arbres de manière abusive.

Un autre bénéfice qui peut être chiffré est la lutte contre l’envasement des cours d’eau avals. Les barrages évitent en effet que la terre et les alluvions aboutissent dans les voies navigables Belges qu’il faudra draguer une fois envasées. En région wallonne, des problèmes énormes de draguage de cours d’eau existent et sont notamment à l’origine de l’absence de péniches sur le canal Charleroi-Bruxelles. La Sambre a en effet une capacité nominative de 1350T et n’est plus pratiquée que par des péniches de 600T. Cette restriction de capacité est due à l’envasement du canal. Toute cette terre retenue par les barrages de castors dans les affluents pourrait se chiffrer en économies, car chaque m3 de terre qui aboutit dans une voie navigable devra être dragué.

Pour tempérer ces éloges, certaines réserves sur le rôle écologique du castor pourraient tout de même être émises. De fait, il n’y a à l’heure actuelle en Belgique qu’à Etalle (Gaume) où les castors sont à l’origine de retombées positives clairement visibles : Non loin de ce village, un barrage a permis d’augmenter la retenue d’eau dans un marais, permettant ainsi une meilleure épuration. La commune a ainsi économisé 50 000€ en évitant des travaux nécessaires. Malgré tout, si le village grandit, la zone de lagunage crée par les castor ne suffira plus et il faudra songer à autre chose.

Les économies que vont permettre les castors ne sont donc pas minimes, mais pas toujours faciles à chiffrer.