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ACTUSCIENCES


Génétique et comportement?


Si l’on veut bien comprendre comment fonctionnent ces sociétés d’insectes, il est évident que les aspects génétiques, et plus particulièrement la génétique du comportement, est un outil incontournable.

Prenons un des aspects le plus caractéristique de ces sociétés, celui de la division du travail (ou polyéthisme). On sait depuis longtemps que les différentes tâches dans une colonie sont liées à l’âge des individus et ce de manière « centrifuge ». C'est-à-dire que les individus les plus jeunes effectuent généralement les tâches internes au nid (soins au couvain, ventilation de la ruche,…), les individus plus âgés se chargent des tâches à plus haut risque situées en dehors du nid (récolte de nourriture, défense,..). Cette différenciation est régie par une hormone qui est présente chez tous les insectes et que l’on appelle hormone juvénile.

Mais qu’en est-il de la répartition du travail entre les individus quand on compare des colonies entre elles ou que l’on compare les individus appartenant aux différentes fratries qui composent une ruche d’abeille par exemple ? Dans ce cas, on s’aperçoit que la probabilité pour qu’un individu donné, dans une fenêtre d’âge déterminée, effectue telle ou telle tâche va dépendre de plusieurs contraintes : l’environnement, l’histoire propre de cet individu, mais également la génétique.

Ainsi, pour une ruche composée de trois fratries, par exemple, on constatera que les individus de la première fratrie effectuent plus fréquemment le comportement de ventilation du nid, ceux de la deuxième fratrie plus fréquemment celui de soldats et ceux de la troisième le comportement de garde. En fait, ce qui est déterminé génétiquement c’est le seuil de réponse à un stimulus particulier associé à une tâche particulière. Certains individus, ayant un seuil de réponse plus bas pour stimulus donné, sont davantage prédisposés à effectuer une certaine tâche. La prédisposition est différente suivant leur patrimoine génétique et donc suivant leur père respectif, ce qui explique les différences comportementales observées entre ces différentes fratries.

Ainsi, même si la colonie est composée d’ouvrières issues de pères différents (ce ne sont donc pas de vraies sœurs : voir explication sur la kin selection), chacune de ces fratries possède des aptitudes propres qui mises en collectivité profite à toute la société. C’est l’idée du super organisme : une colonie serait comme un organisme où chaque groupe d’individus serait les cellules spécialisées dans telle ou telle fonction, l’ensemble fonctionnant pour « le bien commun ».