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ACTUSCIENCES


Biodiversité:
la disparition des espèces...



Un débat régulièrement relayé par la presse aujourd’hui concerne la diminution de la biodiversité actuelle engendrée par des causes anthropiques (actions de l’homme en particulier sur le réchauffement de la planète). Certains parlent même d’une nouvelle grande extinction. Fait particulier : celle-ci serait provoquée par l’action d’une seule espèce : Homo sapiens sapiens.

Il apparaît aujourd’hui que les extinctions de masse constituent un phénomène récurrent au cours de l’histoire évolutive. Ce phénomène a eu pour effet d’effacer de la Planète des groupes entiers induisant de fait une réorganisation du vivant à plusieurs reprises au cours des temps géologiques. Il est indéniable aujourd’hui que ces extinctions « aléatoires » de masses constituent un moteur de l’évolution au même titre que la sélection naturelle. La particularité de ces extinctions est qu’elles ont provoqué une baisse massive de la biodiversité non pas de manière graduelle mais abrupte sur de courtes périodes de temps. L’amplitude de la baisse de biodiversité que l’on enregistre aujourd’hui est-elle du même ordre de grandeur ? Le débat fait rage sur ce sujet au sein de la communauté scientifique. Nous n’avons pas la prétention de répondre à cette question ici, mais voyons ce qui s’est passé au cours des temps géologiques pour nous aider à mieux comprendre ce qui se passe de nos jours.

Tout d’abord, signalons que la biodiversité spécifique (pour la définition :cliquer ici) actuelle est très grande mais l'explosion du Cambrien (-600 à –520 millions d’années (Ma)) a montré qu'au niveau des plans d’organisation entre les divers embranchements, la biodiversité fut la plus grande que l’on ait jamais enregistré au cours de l’histoire de la vie. Pour mieux comprendre ce point on peut faire l’analogie suivante. Si l’on regarde les techniques utilisées dans les appareils de lecture audio, on constate qu’il en existe principalement trois : support sur bande magnétique, sur vinyle ou sur CD (ce sont les plans d’organisation). Pour ces trois techniques de lecture, il existe une très grande diversité de modèles (ce sont les espèces). Ainsi, la diversité des techniques est faible, le nombre de modèles différents pour chacune d’elle est extrêmement élevée.

Ensuite, la biodiversité actuelle constitue moins de 1% de toutes les espèces qui ont vécu dans le passé, ce qui signifie que 99% des espèces se sont éteintes. Ceci s’est fait par remplacement progressif sous l’impulsion de la sélection naturelle ou par extinction de masse. Les paléontologues définissent généralement 5 grandes extinctions:


À la fin de l'Ordovicien (-440 Ma): un tiers de la faune marine s'éteint.


À la fin du Dévonien (-367 Ma): l'écosystème de récifs disparaît presque complètement pour ne réapparaître qu’au Trias (-235 Ma).


À la fin du Permien (-245 Ma): c'est la plus grande extinction ; plus de la moitié des familles d'organismes marins disparaissent et les vertébrés terrestres sont décimés. Plus de 90% des espèces disparaissent.


À la fin du Trias (-208 Ma): les organismes nectoniques (organismes marins qui nagent et se déplacent activement) sont particulièrement affectés.


À la fin du Crétacé (-66,4 Ma; extinction dite K-T pour Crétacé-Tertiaire): disparition, entre autres, des dinosaures mais aussi de nombreuses espèces de plancton marin et presque tous les habitants des fonds marins. Survivent les petits mammifères, les plantes terrestres, les poissons et certains coraux.


L’extinction du Crétacé, qui entraîna la disparition des Dinosaures, est la plus connue. Mais il n’y a pas que les dinosaures qui ont été touchés et il est nécessaire pour chaque cas d’invoquer une cause universelle pour expliquer ces extinctions. On invoque généralement l’existence d’un phénomène majeur : météorite, volcanisme intense, glaciation ou inversion du pôle magnétique terrestre induisant des changements climatiques et des variations du niveau des mers. L’effondrement de systèmes écologiques entiers en amont des chaînes trophiques auraient alors provoqué une série d’évènements en cascade menant vers ces extinctions de masse.

Par rapport à la baisse de biodiversité actuelle, la question qui s’impose à la lumière de ces processus est la suivante : les activités de l’homme sont-elles à même de provoquer une perturbation climatique de même ordre, entraînant l’écosystème terrestre vers une nouvelle extinction de masse sur une courte échelle de temps ?

La question sous-jacente est celle de la stabilité des écosystèmes face aux perturbations du milieu. Si les données de terrain et les résultats obtenus à partir des modèles dont on dispose répondent positivement à cette question, il restera alors à déterminer qu’elles en seront les conséquences économiques, sanitaires et sociales et les dispositions à prendre pour y remédier.