Extraits de La Libre Belgique
(en ligne: 26/05/2004)
Gilles Toussaint
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Bio ma non troppo
Depuis plusieurs années l'agriculture biologique a connu une progression importante en Wallonie.
On est cependant encore loin des objectifs fixés.
Johanna de Tessieres
Si l'on s'arrête aux chiffres rapportés par l'Institut national de statistique, l'expansion de l'agriculture biologique dans notre pays depuis une quinzaine d'années à de quoi impressionner. Jugez plutôt: de 109 exploitations consacrées à ce mode d'agriculture en 1987, on était passé en 2002 à 710, tandis que la superficie agricole utile a été multipliée par 25 -soit près de 25000 ha aujourd'hui pour l'ensemble de la Belgique. Une augmentation qui s'est plus particulièrement marquée au Sud du pays, puisqu'en 2002 la Wallonie comptait 459 exploitations certifiées «bio» contre... 37 quinze ans plus tôt, ce qui représente près de 21000 ha.
Impressionnants sur papier, ces chiffres doivent cependant être relativisés, comme l'explique Serge Massart, ingénieur à la Division de la recherche, du développement et de la qualité de la Région wallonne. «En 2003, l'agriculture biologique ne représentait que 2,8 pc de la superficie agricole utile en Wallonie, cela reste donc marginal. On n'a pas atteint l'objectif de 4 pc en 2004 qui était inscrit dans le Cawa (le contrat d'avenir pour la Wallonie) et on est donc a fortiori très loin du cap des 10 pc espérés en 2010.»
Si le secteur a connu un réel boom suite aux crises «ESB» et «dioxines» de 1996 et 1999, force est de constater que l'enthousiasme est depuis quelque peu retombé. «En fait, poursuit M. Massart, ces trois dernières années la tendance est à la stagnation et on observe même une baisse en Région flamande entre 2001 et 2003. Il faut savoir qu'on rencontre deux types d'exploitants dans cette filière: il y a d'une part les gens réellement motivés qui font du «bio» par conviction et, d'autre part, des «chasseurs de primes» qui le font en raison des subsides qu'ils peuvent gagner. Or, en 2002 et 2003, un certain flou a régné autour de ces subsides, certains agriculteurs ont donc quitté la filière en raison de ces incertitudes.»
(...)
Une ligne de conduite
Pour l'agriculteur «traditionnel», passer au «bio» signifie (pour plus d'info: cliquer ici)aussi changer radicalement son mode d'organisation: plus question de recourir aux produits phytopharmaceutiques de synthèse et aux engrais chimiques, nombre limité de césariennes, les médicaments ne peuvent pas être employés à des fins préventives... Le lien au sol et le bien-être animal y sont des maîtres mots. «Cette ligne de conduite, observe encore Serge Massart, a influencé les critères de l'agriculture conventionnelle qui deviennent également de plus en plus contraignants. Plus que la qualité des produits eux-mêmes, c'est peut-être le moindre impact négatif sur l'environnement que la filière devrait mettre à l'avant- plan pour poursuivre son développement. Mais il est difficile de prévoir comment les choses vont évoluer.»
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