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ACTUSCIENCES


Les puits de carbone
une solution miracle?



Depuis l’apparition de ces puits de carbone dans les négociations, un certain nombre d’études ont été lancées, tentant de mesurer leur réelle efficacité.

Les premiers résultats montrent que la quantité de carbone fixé par ces puits n’est pas négligeable, mais il faut souligner que ces quantités ne sont pas du tout constantes, et peuvent varier considérablement, à cause de nombreux facteurs climatiques, souvent très complexes à déterminer. Un phénomène comme el Niño influence fortement la croissance végétale et un puits peut d’une année à l’autre s’inverser pour devenir une source.

Certains pensent qu’une utilisation intensive des puits de carbone diminuerait leur capacité d’absorption. En effet, dans les pays les plus boisés d’Europe (Allemagne, Autriche, France, Finlande, Italie, Suède), la quantité de carbone fixé dans les forêts récentes (dites forêts de Kyoto) est très faible. En outre, le début du réchauffement climatique risque d’avoir le même effet: l’océan, par exemple, bien que sa capacité d’absorption augmente avec la quantité de CO2 dans l’atmosphère, le réchauffement a un effet inverse ; l’eau plus chaude dissout moins bien les gaz que l’eau froide.

D’autre part, le réchauffement peut diminuer les courants thermohalins, qui entraînent l’eau de surface ainsi que le carbone issu des échanges avec l’atmosphère vers le fond, ce qui le piège pour une durée assez longue. Sans ceux-ci, il est possible que l’océan perde son activité de « grand puits», car c’est dans les profondeurs que le carbone est le mieux stocké, n’ayant pas accès à l’atmosphère pour effectuer des échanges rapides).

Du point de vue des puits « terrestres », l’effet du réchauffement est compliqué ; la croissance des plantes est favorisée par une augmentation de CO2 , donc augmenterait la capacité du puits, mais la température augmente la vitesse de décomposition de l’humus, en augmentant l’activité bactérienne du sol. Pour le moment, il semblerait que l’effet stockage l’emporte sur l’effet déstockage mais rien ne dit que cette situation va perdurer. En effet, si la décomposition augmente et si l’absorption des plantes diminue ou disparaît car les conditions de vie ne sont plus aussi bonnes qu’avant, le puits pourrait se transformer en source d'émission. En fait, la plus grosse limitation des puits continentaux est l’espace disponible pour planter plus de forêts. Tout d’abord, il faut savoir ce que l’on a remplacé par une forêt, car pour que l’on puisse considérer celle-ci comme un gain, il faut qu’elle absorbe plus que ce qui était là avant.

Sur le graphique ci-dessous, la quantité de carbone par unité de surface dans différents écosystèmes est montrée.




On peut voir deux choses importantes :


d’abord, il serait inutile de remplacer une prairie par une forêt, car la quantité de carbone est du même ordre de grandeur sinon plus grande dans la prairie. En fait, pour que ce soit intéressant, il faudrait remplacer des terres agricoles. Si l’on voulait empêcher la concentration en carbone d’augmenter dans l’atmosphère (on ne parle pas encore d’essayer de la diminuer!), il faudrait remplacer l’équivalent de 30 fois la France de terres agricoles en forêts (plus ou moins 1.500.000.000 hectares !). De plus, comme on l’a évoqué plus tôt, il faudrait recommencer ce processus tous les 100-200 ans afin que les forêts soient en croissance. L’efficacité de ces puits de carbone n’est donc pas énorme et ils ne doivent en aucun cas être considérés comme LA solution à tous nos problèmes.


De plus, souvent les projets de puits de carbone sont des plantations de monocultures qui aboutissent finalement à une réduction de la biodiversité, et un appauvrissement des sols.


Les puits de carbone apparaissent donc assez clairement comme une solution de rechange, temporaire, qui pourrait être utilisés pour gagner du temps, afin de rechercher des solutions réellement efficaces. Malheureusement, on peut craindre que les puits de carbone, solution assez peu coûteuse, dissuade tous les pays d’investir dans d’autres projets plus chers, mais qui apporteraient une réelle solution.

Voici un site assez intéressant qui parle d’environnement, et explique de manière plus détaillée tous les aspects évoqués plus haut : cliquer ici