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Les conséquences de l’affaire Gaucho...



«Décisions prises en France et en Belgique»

Pour l’ «affaire Gaucho », il est très difficile de trouver sur le réseau internet un compte rendu complet des décisions qui ont été prises par les différents gouvernements européens. En France, les semences de mais et de betterave traitées Gaucho ont obtenu une AMM ( autorisation de mise sur le marché) en février 1992. Les semences de tournesol, elles ont été mises sur le marché en 1993. Ce produit est commercialisé par une grande firme Bayer, fortement implantée dans le commerce de produits phytosanitaires.

C’est en 1994 que l’on recense les premières plaintes des apiculteurs. Ceux-ci accusent le Gaucho d’être responsable du comportement anormal de leurs abeilles et d’une hausse de mortalité au sein de leur cheptel.

En 1998, sous la pression des apiculteurs, le Ministère de l’agriculture commande des études de laboratoire ainsi que des études sur le terrain. Les résultats génèrent des suspicions sur le produit sans pour autant prouver sa responsabilité. En effet, ces études montrent que le temps de rémanence de l’imidaclopride est plus long que celui annoncé par Bayer ( information que Bayer s’est bien gardé de transmettre lors de la mise sur la marché de son produit…). Le Ministère décide quand même par précaution le retrait provisoire de l'AMM du Gaucho en traitement de semences de tournesol. Cette mesure est assez exceptionnelle. En avril (99), Bayer et diverses entreprises de semences ont déposé une requête visant à annuler cette décision qu ‘elles qualifient d’abus de pouvoir de la part du Ministre. L’UNAF (Union nationale des apiculteurs français), le SNA (Syndicat national d’apiculture) et le SPMF (Syndicat des producteurs de miel de France) demandent le maintien de cette décision.

Jusqu’en mai 2004, plusieurs autres études ont été financées soit par les fédérations apicoles ou l’Etat, soit par Bayer et diverses entreprises productrices de semences. Aucune de ces études n’a pu prouver que c’était effectivement le gaucho qui était responsable de la mortalité croissante des abeilles.

Depuis le 25 mai 2004, la France a retiré au Gaucho son AMM pour le traitement des semences de tournesol et de maïs jusqu'à la réévaluation de cette substance par la Commission européenne en 2006. Victoire pour les apiculteurs, craintes pour les agriculteurs, surtout les grands producteurs de maïs. Hervé Gaymard, le ministre français de l’agriculture, s’est s'engagé à trouver une solution dans l'année (c’est-à-dire en 2004). Bayer se dit étonné et rappelle que la France est le seul pays européen où les AMM du gaucho sur tournesol et maïs ont été suspendues. Les organisations agricoles s’inquiètent des conséquences selon eux « très graves » de la suspension de l’AMM sur maïs. Ils jugent qu’une perte de 540 000 qx de maïs devrait être enregistrée. Ils demandent au ministre de retirer une décision qu’ils jugent « politicienne et irrationnelle ».

En Belgique, fin des années nonante, le gouvernement avait été alarmé par la problématique Gaucho. Mais le Ministère de l’environnement n’a pris aucune décision, ni n’a commandé quelconque enquête ou étude. Il est vrai que le nombre d’apiculteurs en Belgique est beaucoup moins important qu’en France, et dès lors la pression exercée sur le gouvernement était moins forte !!! Cependant, il ne faudrait pas croire qu’on ne s’active pas dans notre petit pays. De nombreuses petites associations comme le CARI, les apiculteurs du Hainaut , et des politiciens comme Marie-Rose Cavalier (écolo) tentent de remuer ciel et terre pour que des décisions soient prises à fin de plus vivre des « printemps silencieux » ( printemps où les abeilles sont tellement peu présentes, qu’il règne dans nos compagnes un silence inhabituel pour la saison de pollinisation ).

Actuellement le gouvernement Belge a décidé de ne pas suivre les mesures prises par son voisin et a choisi d’attendre les résultats d’une étude, qui devrait être faite par le CARI, sur les multiples facteurs susceptibles d’affecter la survie des abeilles (produits phytosanitaires, climat, maladies, méthodes culturales). Les positions belge et française privilégient donc toutes les deux la prudence, l’une vis-à-vis des effets négatifs potentiels, l’autre vis-à-vis implications d’une décision qui ne serait pas scientifiquement étayée.

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