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Quelques généralités



Les projections de population sont basées sur une série d'hypothèses concernant la fécondité (explicitées dans l'article de presse, et pour plus de précisions sur d'autres modèles voir le site de l'ONU : cliquer ici ) mais aussi de mortalité qui ne sont pas explicitées dans l'article (mais bien dans le rapport de l'ONU).

L'hypothèse de base (appelé scénario moyen) est que la fécondité se stabilisera à 2 enfants par femme. Ce chiffre correspond au seuil de renouvellement des générations puisque si chaque femme met au monde deux enfants, elle produit en moyenne une femme qui elle-même… Dans la réalité, le seuil est plutôt de 2,1 dans la mesure où il y a un peu moins de filles que de garçons qui naissent et qu'une partie des filles nées n'atteint pas l'âge de 20 ans. Dans ce modèle moyen, le fait que la fécondité est de 2 (et non de 2,1) est compensé par l'augmentation de la longévité : l'espérance de vie est supposée atteindre 77 ans en 2045-2050 et 97 ans en 2300 pour les femmes ; de 72 à 95 pour les hommes. Ce ne sont pas des hypothèses excessives.

Si la fécondité se maintient à des niveaux nettement supérieurs à 2, on assiste à une croissance exponentielle : chaque génération étant plus nombreuse que la précédente (et inversement, si le niveau est inférieur à 2). C'est pourquoi, l'hypothèse dite constante (c'est-à-dire le scénario qui maintient les niveaux de fécondité à ce qu'ils étaient en 1995-2000, dans un contexte de déclin de la fécondité depuis 1965 ; personne n'imagine cette constance crédible) nous amène à 133.592 milliards d'habitants en 2300 ! D'après les calculs effectués par l'ULB (IGEAT), ce chiffre suppose une croissance annuelle moyenne de la population mondiale de 3,4% par an alors qu'elle est actuellement de 2,1% et n'a jamais dépassé les 3% dans l'histoire mondiale. Etant donné que les calculs de l'étude de l'ONU ne sont pas précisés, on est en droit d'émettre quelques doutes (voir la partie réflexion).

Enfin, remarquons que le modèle utilisé par les chercheurs (ONU) implique une augmentation rapide de la population entre 2000 et 2050 et puis une stabilisation progressive (à 9 milliards). Pourquoi ? Malgré la baisse progressive de fécondité jusqu'à 2 enfants par femme, il faut un certain temps pour que la population se stabilise (phénomène d'inertie) : 1) parce que la baisse est progressive ; 2) les fortes fécondités héritées du passé produisent encore des générations plus nombreuses qui font donc plus d'enfants…

De la même façon, les projections par zones ou par pays sont basées sur une poursuite des tendances actuelles avant une stabilisation, ce qui implique une modification profonde de la répartition de la population mondiale étant donné que les croissances sont proches de 0 dans les pays développés et maximale en Afrique. L'évolution de la répartition par âge vers un vieillissement découle directement des hypothèses de base : la baisse de la fécondité vers 2 suppose un moins grand nombre de jeunes alors que l'allongement de l'espérance de vie augmente le nombre de vieux.