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La démarche de ces projections à très long terme peut aussi soulever quelques questions. Les auteurs de l'étude (à la base de ce dossier) ont eux-mêmes dû rappeler que "ces projections à long terme sont nécessaires aux spécialistes de l'environnement, aux acteurs politiques et a tous ceux qui évaluent les implications à long terme des tendances démographiques ». Cependant, il faut bien reconnaître que peu (ou pas) de politiques sont menées dans une perspective pluricentenaire !

Par ailleurs, comme le montrent les résultats des projections dans le scénario moyen, si aucun changement démographique n'a lieu après 2050, pourquoi insister sur l'horizon 2300 ?En fait, on peut se demander si le fait d'aller au-delà n'est pas motivé par la volonté de montrer que si rien ne change on sera très très très nombreux….et donc, il faut absolument que les pays pauvres réduisent leur fécondité (c'est une grande obsession d'une série d'organisations internationales défendant les intérêts occidentaux pour lesquels la solution aux problèmes de développement passe inévitablement par la réduction de la fécondité).

Rappelons que la fécondité seule ne peut être mise en avant dans une perspective de politique de développement et qu'en termes de gestion des ressources, les comportements devraient également faire l'objet d'une attention toute particulière. A titre illustratif, il faut savoir qu'américain du Nord détruit autant les ressources de la planète et rejette autant de gaz à effet de serre que vingt-sept paysans pauvres d'Afrique. Les 20% les plus riches de la population mondiale consomment sans remords 80% des ressources de la Terre alors que les 20% les plus pauvres ne consomment que 1%. Aussi, les remontrances des pays riches sur la démographie (présentée souvent comme galopante et incontrôlée) des pays pauvres choquent avec raison ces derniers.

On en est donc encore à une idéologie de type malthusienne (Malthus = économiste et démographe anglais de la fin du XVIIIe siècle): en gros, plus d'hommes c'est plus de bouches à nourrir et on ne pourra pas soutenir des croissances exponentielles de la population. Théorie démentie par la réalité depuis 200 ans mais toujours bien présente dans l'imaginaire collectif (la population mondiale a été multipliée par 6 depuis les prédictions de Malthus !). A titre d'exemple, les Chinois sont deux fois plus nombreux qu'il y a 50 ans et sont pourtant nettement mieux nourris ; en Inde la croissance démographique a été encore supérieure et l'Inde est désormais auto-suffisante en céréales ce qui n'était pas le cas en 1970….