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Si on peut aisément comprendre la logique mathématique des modèles employés, il est nettement plus difficile d'apprécier la validité des hypothèses qui reposent sur ce qui est crédible au moment où elles sont réalisées et ne prévoient évidemment pas les ruptures imprévisibles futures :


Qui aurait pu prévoir l'explosion de la population après 1750 (révolution industrielle, transition démographique)?


Qui aurait pu prévoir à quel point les populations du Tiers-monde allaient connaître des croissances nettement plus élevées que les maxima des pays développés (dues à une baisse brutale de la mortalité sans baisse de la natalité avant ces 20-30 dernières années) ?


Qui aurait pu prévoir que l'épidémie du sida réduirait l'espérance de vie de certains pays d'Afrique sous les 35 voire 30 ans ?


A titre d'exemple, on considérait en 1980, que la population se stabiliserait après la transition démographique à 12-15 milliards d'habitants; ces hypothèses ont été revues à la baisse en 1996 (10-12 milliards ). Que s'est-il passé? La fécondité a baissé nettement plus vite que prévu au cours des deux dernières décennies, du moins en-dehors de l'Afrique noire et du Moyen-Orient ; l'hypothèse d'une hausse continue et relativement homogène de l'espérance de vie, telle qu'on l'a connue dans la période d'après-guerre, a dû être abandonnée, le sida en Afrique, la crise économique et sociale de l'Europe de l'est ont provoqué une baisse ou une stabilisation de l'espérance de vie dans ces régions…