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ACTUSCIENCES


Elevages en plein

Contribution de Marius Gilbert, chercheur à l'ULB



Les canards élevés en plein air, principal facteur de risque de la grippe aviaire en Thaïlande.

La revue Emerging Infectious Diseases du Center for Disease Control (CDC, Atlanta), publie sur son site internet, et ce en avance sur la date de publication officielle (numéro de février), les résultats d’une étude réalisée par Marius Gilbert – chercheur au laboratoire de Lutte biologique et Ecologie spatiale de l’ULB – en collaboration avec le Department of Livestock Development (Bangkok, Thaïlande) et la FAO (*)

(*) Source: Free-grazing Ducks and Highly Pathogenic Avian Influenza, Thailand. M. Gilbert (ULB), P. Chaitaweesub (DLD), T. Parakamawongsa (DLD), S. Premashthira (DLD), T. Tiensin (Utrecht University), W. Kalpravidh (DLD), H. Wagner (FAO), J. Slingenbergh (FAO). Emerging Infectious Diseases Février 2006. Accessible en ligne à partir du 28 décembre 2005 sur: http://www.cdc.gov/ncidod/EID/vol12no02/05-0640.htm Contact ULB : Dr Marius Gilbert (mgilbert@ulb.ac.be)

L’épidémie de grippe aviaire qui sévit actuellement en Asie du sud-est a un impact économique et sanitaire considérable. Les répercussions économiques qui touchent principalement les petits producteurs sont alarmantes, et la transmission occasionnelle - mais non moins dramatique - du virus H5N1 à l’homme fait peser la menace d’une pandémie dont les conséquences sont difficiles à prédire. En vue de contrôler la maladie à sa source, et notamment en Thaïlande, il est déterminant de bien comprendre quels sont les facteurs qui favorisent la persistance et la transmission du virus. Des travaux de virologie effectués en laboratoire avaient précédemment montré que les canards pouvaient être des « porteurs sains » et produire de grandes quantités de virus sans montrer de signes cliniques apparents de la maladie.



Troupeau de canards domestiques dans une rizière des plaines centrales de la Thaïlande (Photo. W. Kalpravidh). Les canards se nourrissent du grain tombé à terre au moment de la récolte et de gastéropodes et larves d’insectes. Ce système agraire est à l’avantage de l’éleveur (ressource de nourriture gratuite) et du cultivateur (les canards nettoient la rizière des pestes avant le cycle de production suivant)


Cette étude démontre pour la première fois que cette observation clinique se traduit à grande échelle sur la distribution de la maladie telle qu’elle peut être observée sur le terrain. En effet, nos résultats indiquent que la distribution géographique des canards élevés en plein air est le principal facteur de risque associé à la distribution des foyers de grippe aviaire. Ces canards sont élevés selon un système agraire spécifique à l’Asie du sud-est qui associe la production de canards à la riziculture. Ce mode de production implique de nombreux déplacements des troupeaux de canards, et des contacts fréquents avec d’une part, la volaille de basse-cour située dans les villages, et d’autre part, d’autres canards ou oiseaux sauvages situés dans les rizières. Ces canards sont donc susceptibles de participer activement à la propagation de la maladie.



Distribution géographique des foyers de grippe aviaire chez les poulets (à gauche), les canards (au centre) et distribution de la densité des canards élevés en plein air (à droite)


Les résultats de cette étude ont déjà porté leurs fruits sur le terrain, puisque depuis le printemps 2005 la Thaïlande impose de tester les troupeaux de canards avant leur déplacement, ce qui a réduit considérablement le nombre de foyers observés en 2005 (cf. graphique ci-dessous).



Distribution des nombres de foyers de grippe aviaire détectés en Thaïlande en 2004 (courbe verte) et à la même saison en 2005 (courbe rouge), montrant la réduction drastique du nombre de foyers observés.


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