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Action des insecticides


La majorité des insecticides agissent au niveau du système nerveux des insectes, mais la cible ou récepteur varie d'une famille chimique à l'autre : On distingue parmi les insecticides :

des substances actives sur le système nerveux,

des substances actives sur la biosynthèse de la chitine (« peau » des insectes…), auxquels on associe les hormones juvéniles et ecdysones qui contrôlent naturellement les mues,

les médiateurs chimiques, molécules de la communication entre les insectes ou entre les insectes et les plantes,

des substances actives au niveau de la glycolyse ou de la chaîne des transporteurs d'électrons,

des stérilisants,

des substances synergistes, inactives, mais prolongeant ou intensifiant l'action d'autres insecticides (ex : le pipéronyl butoxide).

des substances, d'origine microbienne ou végétale, actifs au niveau du tube digestif (ex : les toxines de Bacillus thurigiensis ou les lectines) en provoquant la destruction des cellules épithéliales ou en inhibant les protéases.

Les modes de contamination des mellifères par les insecticides Un trait commun relie les différentes espèces d'insectes hyménoptères impliqués dans les transferts de pollen : elles sont toutes strictement inféodées aux plantes à fleurs, desquelles elles tirent exclusivement leurs ressources alimentaires, le pollen et le nectar. Ce sont les principaux insectes pollinisateurs, bien supérieurs en efficacité aux autres ordres d'insectes floricoles pouvant appartenir aux coléoptères, diptères (mouches), lépidoptères. Le groupe de ces pollinisateurs est constitué d'espèces sociales et d'espèces à moeurs solitaires. Les mellifères sociaux vivent en colonies qui atteignent 50 000 individus chez l'Abeille domestique mais qui dépassent rarement 500 individus chez les Bourdons. Les insecticides prennent deux chemins principaux pour atteindre leur cible :

Ils peuvent traverser le tégument des mellifères lorsque ceux-ci se trouvent sous le jet d'un appareil de traitement ou lorsqu'ils marchent sur les résidus du produit déposé sur les végétaux.

Ils sont également ingérés lors de la consommation du nectar contaminé au fond des corolles. Cette contamination est d'autant plus forte que l'insecticide peut avoir des propriétés endothérapiques, pénétrant ainsi facilement dans les vaisseaux conducteurs de sève. Les abeilles domestiques consomment également de l'eau ou du miellat de pucerons pollués. Il existe un mode insidieux de contamination : le transport au nid, par les butineuses, des aliments pollués, nectar ou pollen, qui vont servir à nourrir, soit des congénères adultes, ce qui arrive régulièrement chez l'Abeille domestique, soit des larves. Les molécules toxiques agissent généralement en désorganisant la conduction de l'influx nerveux ; cependant des produits d'une génération nouvelle (« régulateurs de croissance ») inhibent la synthèse de constituants du tégument et, de ce fait, ne perturbent que les larves.

Il est évident que les effets des intoxications des mellifères seront, en fonction de la matière active, tantôt immédiats, tantôt différés. S'il y a effet immédiat, les conséquences sont visibles après quelques heures et durant 2 à 4 jours, aboutissant parfois à l'extinction totale de la population. Dans le cas des insecticides régulateurs de croissance, les effets peuvent être lents à apparaître : par exemple on a vu que la mortalité larvaire maximale, dans un rucher butinant un verger traité au phénoxycarbe, n'était enregistrée qu'au 17e jour. Cette matière active, inoffensive pour les adultes, était transmise par les ouvrières nourrices récoltant nectar et pollen contaminés aux larves, qui, très sensibles, n'ont pu arriver au terme de leur développement de 3 semaines. Il est des cas où les effets létaux sont encore plus retardés ; ainsi, lorsque l'insecticide est intégré à des provisions de pollen qui sont stockées plusieurs mois dans la ruche. Un tel stockage survient facilement avec les insecticides « encapsulés » qui se présentent sous l'aspect de microsphères creuses et poreuses en matière synthétique, laissant diffuser lentement la matière active tout en la protégeant. Ces microsphères ont la même taille que certains grains de pollen, soit quelques dizaines de microns de diamètre et elles adhèrent sans difficulté à la pilosité recouvrant le corps des butineuses. Les méfaits des insecticides encapsulés sur les larves durent tant que les provisions de pollen sont utilisées.